Vingt années d’action au sein de l’association « Enfance et Musique » m’ont permis de rencontrer l’enfant à la crèche, à l’hôpital, dans les institutions, dans les quartiers. Lorsque l’enfant est confronté à des difficultés, ma pratique musicale cherche à rétablir le lien social par la remise au premier plan des pratiques culturelles, à établir une relation quand la personne n’a pas accès au langage pour des raisons physiques, psychiques ou parce qu’elle ne parle pas notre langue.
Je prendrai ici le terme d’humanisation sous deux aspects, d’une part l’accès au langage qui n’est pas donné d’avance à chaque être humain venant au monde, et d’autre part la possibilité de rendre plus supportable à l’homme son mode de vie en société. Quant à l’art et la culture, j’évoquerai ici essentiellement l’expression vocale et la chanson. Si certains la considèrent comme un art mineur, c’est peut-être parce qu’elle a justement une place au croisement de l’art et de la culture. Elle est à la fois l’œuvre artistique de son auteur et de son compositeur, mais elle est aussi au cœur des pratiques culturelles partagées.
C’est dans les situations les plus extrêmes, où l’urgence est la survie, que l’on peut mesurer l’impact de la pratique artistique parce que c’est dans ces lieux qu’elle pourrait sembler totalement inutile et décalée.
J’ai eu l’occasion de former l’équipe du Centre Néonatal de l’Institut de Puériculture et de Périnatalogie, à la pratique de la chanson dans les soins relationnels. Pour mémoire dans la définition du poste d’infirmier il y a bien évidemment les soins techniques, mais aussi les soins relationnels qui malheureusement pâtissent de plus en plus souvent de la surcharge de travail dans certains hôpitaux….
Texte de Geneviève Schneider paru dans la collection 1001 BB n° 132 « Y a-t-il encore une petite enfance ? » – Éditions érès 2013